lundi 29 juin 2009

Erawan







Je suis ensuite sorti de ce palais technologique climatisé pour marcher dans les rues de Bangkok où la chaleur et l’humidité auxquelles je ne suis pas encore adapté me font imaginer que je marche cinq à six kilomètres par jour dans mon bain de vapeur chargé d’un sac contenant mes caméras et mon ordi. Je me suis ensuite arrêté devant l’édifice moderne nommé Erawan, situé au coin de deux artères importantes et dominé par le croisement des deux lignes du métro aérien qui donne maintenant à Krung Thep, la ville des anges, une allure de décor de Blade Runner. La construction d’Erawan a été accablée par des retards importants, des coûts imprévus et autres tracasseries dont nos îlots voyageurs ne souffrent heureusement pas dans notre beau pays civilisé. Le vent a tourné quand une aire de cent mètres carrés a été retranchée du périmètre de l’immeuble au coût de ce que valait votre REER il n’y a pas si longtemps, pour construire un sanctuaire extérieur dédié au dieu Brama. La religion bouddhiste est ici fortement métissée par celle à l’ouest sur le sous-continent indien. Comme l’érection de ce sanctuaire a agi miraculeusement sur la construction problématique, les gens viennent depuis faire des offrandes de guirlandes de fleurs, de petits éléphants en bois ou, pour les gros maux de tête, de spectacles de danse classique thaïlandaise afin de mettre la puissance divine de leur côté. Vous dites que tout cela n’est que superstition, mais pensez-y bien, on transforme l’entrée de l’hôpital Saint-Luc en sanctuaire au dieu PPP avec poteaux chromés pour que les danseuses de la Calèche du sexe, un lieu de culte situé tout près, puissent s’y produire au bénéfice des demandeurs les plus fortunés alors que le petit peuple offrirait des caniches en bois à l’effigie du poodle en chef à Québec et, le temps que quelques bâtons d’encens se consument, notre CHUM serait construit! Pour une fois, ce ne serait pas toujours les mêmes qui se font mener en bateau d’Accurso.